Méditation Lumière à la Madeleine - Paris

Méditation Lumière à la Madeleine - Paris-ARTEC

Comme chaque année l'exposition Méditatio Lumière s'est tenue à la salle Royale de l'église de la Madeleine 8ème ardt de Paris

Celle exposition associe les oeuvres visuelles aux textes poétiques, Jean-Marc STOEFFLER a réalisé le reportage du vernissage

Artistes :  Singe au printemps, Jean Louis BIGOT, BOUDOUX « Catherine Chantilly » Mireille DARMOIS, Bérangère DELBOULLE, EDILOU, Annick FEBVRE, Will GUERIN, Houda HADDANI, Celia HUET, Françoise ICART, Annette JAUMOTTE, Ghislaine LEGRAND, Verena von LICHTENBERG, Paule PARIENTE , Laure POYET, Jean-Marc STOEFFLER , Lidy De BROUWER, CeeJay. Michel COLOMBIN, Valery Dvoinikov, Nicole LIERRE, Piet LINCKEN, Alexandre MELNIK, Claude Miseur , Jose PEGO ,Alexandre RADACHKEVITCH , Edith LOUNÈS.

Techniques présentées : Peintures, aquarelles, collages, photographies, tapisseries, sculptures plexiglas, poésies françaises, chinoises,  russes (et leurs traductions)

Lieu : Eglise de la Madeleine, salle royale place de la Madeleine 75008 PARIS métro Madeleine

Horaires : exposition ouverte du 23 au 29 septembre de 11h à 18h

Vernissage :le 23 septembre à 18h

Tarif : Entrée libre

Organisateur : ARTEC Association pour le Rayonnement des arts – Reconnue d’Intérêt général - Association loi de 1901 – déclarée le  3 août 1992  n° W411001156 - Jo du 26 aout 1992 -  n° SIRET 414 025 684 00013 -

Siège social :19, rue de l’Embarcadère–CHOUZY/CISSE 41150 VALLOIRE-sur-CISSE France

Teléphone : +33 6 20 70 03 17

Courriel:  artec@live.fr

Site : www.artec-artmondial.fr

世上本无事,庸人自扰之
shì shàng běn wú shì, yōng rén zì rǎo zhī.
La vie est simple sous le ciel, mais les gens stupides cherchent à la
rendre compliquée (en créant des problèmes pour eux-mêmes).

 

Le mot d’ARTEC

Comme chaque année, nous voici revenus à la Madeleine pour Méditation Lumière, une exposition qui se veut un temps de réflexion.

Si les représentations se fixent sur la toile ou dans la matière par des techniques très différentes, la recherche est semblable : explorer le visible, tenter de rendre aussi l’invisible à travers le visible. Créer les conditions pour une méditation qui transcende l’ici et maintenant.

Nous proposons aux visiteurs de prendre le temps, au long de cette exposition de lire les textes, de regarder les œuvres et également d’en profiter pour réfléchir à quelques maximes.

Eveiller l’âme, faire retour sur soi, se détacher pour un temps du quotidien et du désir d’avoir toujours plus, c’est l’aspiration présidant à cette exposition.

Qui sommes-nous vraiment? A quoi aspirons nous? Qu’est-ce qui compte vraiment le paraître ou l’être ?  Autant de questions pour lesquelles poètes et artistes proposent des embryons de réponse, et à chacun d’aller plus loin pour trouver celles qui lui conviennent.

Françoise Icart

Informations

L’exposition vous accueille de 11h à 18h tous les jours du 23 au 29 septembre

L’entrée est gratuite

Vernissage le 23 septembre à 18h

Large diffusion de l'événement par mail et via Facebook

Invitations papier, catalogues, affiches

Y aller

 L’église de la Madeleine est située entre la place de la Concorde et l’Opéra Garnier, dans le Paris haussmannien Adresse : Place de la Madeleine - 75008 Paris

Métro : Madeleine ; Havre-Caumartin

RER  Auber

Bus : 24, 42, 52, 84, 94

Station vélos MADELEINE  3 Place de la Madeleine, 75008 Paris

Station vélos MALESHERBES PASQUIER  Boulevard Malesherbes, 75008 Paris

Station vélos GODOT DE MAUROY  2 Rue Godot de Mauroy, 75009 Paris

Parkings :

Parking Indigo Madeleine Tronchet  31 place de la Madeleine, 75008 Paris

Grand Garage Haussmann  43 rue de Laborde, 75008 PARIS

Printemps  107 rue de Provence, 75009 Paris

Parking Palacio Garage de Paris 27 Place de la Madeleine, 75008 8e Arrondissement Paris

Parking Franklin Roosevelt-Champs-Elysées Avenue Franklin Delano Roosevelt, 75008 Paris

Parking Le Bristol 106 Rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris

Exposition soutenue par

 le Géant des Beaux Arts, Madeleine 2000, la Mairie du 8ème, la Mairie de Chouzy-sur-Cisse.

 

Textes poétiques présentés à l'exposition

 

Lidy De Brouwer  

 membre chez “SABAM’” 

 

La vie !

C’est le beau temps,

la pluie, la douceur du soleil,

un sourire parfois une larme,

des espoir, dès souvenirs.

La vie c’est toi et moi !

C’est nous, c’est vous !

Un changement perpétuel, continuel.

C’est un jeu sur le vent.

La vie, le jour n’essaie pas

de la comprendre ni de la changer.

continuer jour par jour, et,

accroche un sourire à tes lèvres

Regarde bien droit devant toi,

Les jours merveilleux t’attendent,

sacrés, respectés, se relever et gagner.

Continuer avec amour, courage et optimisme

Bonne journée.

Lidy De Brouwer.*

 

Le Coquelicot.

Quel jolie fleur,

le coquelicot si rouge,

tendre et léger, elle est

princesse des champs.

Lueur éclatante sous le soleil

tremblant sous le vent.

Elle s’épanouit en liberté.

Coquelicot une beauté en simplicité.

Dans un grand tapis si coloré.

Fleur simple et lumineuse,

la frêle odeur,

les jolis coquelicots.

Fleur d’un rouge superbe.

Unique dans la vie.

Lidy De Brouwer.

 

Andernos-les-Bains.(Les Quinconces!)

Le site des Quinconces,

reste un des rares endroits

« sauvages » du littoral nord-bassin.

Je m’y sens bien !

La découverte de ce site,

les pieds dans l’eau ou dans la forêt,

vaut vraiment le détour !

unique !dans le monde !

Les Quinconces étaient la promenade

préférée de Sarah Bernhardt,

lors de ses séjours à

Andernos-les-Bains !

Exceptionnel…

Cette nature encore préservée !

Lidy De Brouwer.

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CeeJay.

33 Les chiens et les loups

Chiens et loups a l'entour

Loup de satin noir sur les yeux

Toi, moi et les autres voyous

Fils du verbe et des fautes de grammaire

Portés par la marée des rêves

Visible sur le fond transparent de la méditerranée

A faire buller des mots qui éclatent en surface

Nous méditons nos pas sous-marins un par un

Usures d'azur a nos genoux bosseurs

Toutes poches dehors trous en prime

Nos billets verts son les feuilles d'eucalyptus

Et nos pièces les galet plats qui ricochent

Contre les mots qui affleurent sur l'azur des flots

Les chiens jappent à nos trousses

Les loups nous guident à travers la pinède

Loup sur les yeux en rat d'hôtel sur la croisette

Nos billets verts sont dans les poches des autres

Notre monnaie dégouline des bandits manchots

Et la cavale se fait jusqu'au maquis anonyme

On y amorce les bombes glacées anarchiques

Le rideau de la nuit est notre noire bannière

Les chiens se sont couchés et dorment d'un oeil de sentinelle

Les loups poussent leurs haouwwwlemens longs

Toi, moi et les autres voyous

Fils du verbe et des fautes d'orthographe

Portés par l'inquiétude de la nuit sans rêves

Invisibles sous les taillis et le paraciel des pins

Nous préparons en silence les mots explosifs de demain

Alors nous sortirons au jour avec des idées neuves

©CeeJay.

 

04 L’échappée.

En moi rue un être des quatre fers,

frappe sur mes parois,

cherche une issue

d’où s’échapper de l’attraction terrestre

pour partir par le large espace

aux confins des univers.

En moi un être languit de naître à la vie,

rêve d’un monde inconnu,

cherche à me fuir.

Je le connais bien,

j’attends qu’il trouve la faille,

le faisceau lumineux de la liberté

enfin échappé de l’enveloppe

pesante et mortelle

©CeeJay.

 

1006 De lumière et d’ébène.

Ciel fleuri d’étoiles jaunes

comme un champ de printemps

au beau mitant le lac argent de lune.

Coiffé d’une double cagoule

de nuit finissante et de soleil levant,

à cheval sur eau et terre

je vis sur la houle des montagnes

et marche sur les vagues océanes.

là sont mes cieux et mes pays,

je m’y tiens masqué, or de lumière

et ébène d’obscurité.

La brume paralyse la surface de l’étang,

mystérieuse et languissante

elle attend son lever.

Avec aux lèvres le goût de mes retards

temps volés qui longuement stagnent

dans la relativité au parfum de guimauve

des enfances oubliées.

©CeeJay.

 

Valery Dvoinikov <dvoinikov@gmail.com>

 

TOUTE VIE ÉPARGNÉE EST UNE VIE SAUVÉE  

Toute vie épargnée est une vie sauvée, 

Peu importe celui ou celle qui la porte.

Des brebis égorgées, des poussins broyés,

Ma conscience l'accepte, mon être l'insupporte,

 

Refusant les mensonges, la mauvaise foi

Qui gouverne partout les esprits peu propices

A rester sensibles à ce nombre de fois

Que des corps innocents subissent le supplice,

 

Le calvaire d'être tués pour être mangés,

Telle une sanction pour fautes non commises,

Sans peine, sans raison et même sans regrets,

Et sans que personne ne nous l'interdise...

 

Toute vie épargnée est une vie sauvée, 

Toute vie épargnée est une vie sauvée,

Chaque steak refusé est une vie sauvée, 

Chaque steak refusé est une vie sauvée...

 

SOYEZ ENCORE MEILLEURS 

Soyez encore meilleurs

Quand la malchance vous suit

De son air fort supérieur,

Vous donnant sans cesse envie

 

De laisser tout de travers,

Mal rangé, mal ordonné,

Pour fuir dès la première

Occasion inespérée.

 

Soyez encore meilleurs 

Quand tout casse, tout s'en va

Et vos forces intérieures 

S'épuisent dans ces combats,

 

Quand l'impasse se profile

Tout au bout de tant d'efforts

Alors que les années filent,

Sans jamais commettre d'erreur...

 

Soyez encore meilleurs

Face au doute et au repli

Qui font naître tant d'horreurs

Dans les cœurs ensevelis

 

Sous le poids d'indifférence,

Lourde et cruelle à souhait,

Qui enlève toute chance

Qu'on n'arrête pas d'invoquer...

 

Soyez encore meilleurs :

La bonté n'a pas de prix,

Face aux épreuves extérieures

Qu'on se crée ou qu'on subit 

 

Car c'qui compte dans ce monde,

C'est de pouvoir s'regarder

Avant que, sur nous, ne tombe

De la mort, le couperet. 

 

L’ENFANCE

L'enfance, ne t'en va pas,

Sois toujours présente

Pour éclairer nos pas

Et notre vie inconsciente

 

Qu'on mène ou mènera

Au bout des solitudes

Qui veillent sur nous parfois,

Pendant les temps trop rudes...

 

L'enfance ne t'en va pas,

Tu es notre seul trésor.

Le reste, c'est du bla-bla

Des hommes vils et forts

 

Qui se prennent pour des Dieux,

Niant la vraie nature

Alors qu'on est heureux

Quand on est immature!

 

Quand on croit savoir

Que le monde est à nous

Et qu’il faut croire

Seulement quand on rejoue,

 

Croire en innocence

Qui fait la vérité

De notre appartenance

A cette réalité

Qui plane et nous entoure

Du matin au soir

Et où, seul l'amour

Nous transmet l'espoir,

 

L'espoir de revenir

Ne serait-ce qu'un instant

Aux pleurs et aux rires

Des éternels enfants...

 

Michel HUMBERT

Ecrivain et poète, fondateur du cercle francophone de Yantai

Chevallier de la Légion d’Honneur, médaillé de l’Amitié nationale chinoise, médaillé d’argent de l’Académie française, citoyen d’honneur de Yantai et de la province de Shandong.

 

Chercheur d’or à Zhaoyuan

A Zhaoyuan, capitale de l’or en Chine- placée sous la juridiction de Yantai, bénie des

divinités de l’or depuis des siècles, le précieux métal coule littéralement dans le village de l’or. Les visiteurs jouent les orpailleurs secouant leur tamis avec la plus grande ténacité et une

 belle obstination, observant le sable et le gravier à la loupe et scrutant le miraculeux éclair

 jaune, la rivière distille quelques milligrammes d’or aux plus chanceux, trouvaille aléatoire

qu’ils peuvent emporter.

Ce village vous transporte sous la dynastie des Song (960-1279) les petites maisons

 traditionnelles, le petit théâtre, les chaises à porteur dans les ruelles, des échoppes de thé dans lesquelles on pratique le rituel du service du thé selon le long cérémonial d’antan, des acteurs et des figurants en costumes Song jouant des bagarres, des discussions de villageois devant un   juge, un chanteur de l’opéra Kunyun, un temple étincelant dédié aux dieux de l’or, avec leurs  nombreux fidèles rivalisant de ferveur et d’encens, gardés par des tortues monumentales, dont il est recommandé de caresser la tête de marbre – la tête est noircie des milliards de mains qui l’ont touchée.

Mais la soif de l’or continue de plus belle de nos jours ! Il suffit de revenir dans le présent et  de pénétrer dans le palais d’or de Zhaoyuan, sur trois étages, ce ne sont que bijoux, bracelets, bagues, pendentifs, colliers, chainettes, parures, fils d’or, joailleries, lingots de 25kg,vêtements d’apparat cousus d’or des dynasties défuntes. Le visiteur ébloui sort de ce temple digne des  Incas, étourdi par son parfum capiteux et immortel.  Dans les rues éclatantes,  il titube, noyé  dans le flot d’or des boutiques faisant étalage de leurs plus beaux atours. Des pierres piquetées de paillettes d’or se vendent comme à la criée.

Au loin s’élèvent des éoliennes géantes dont les grandes ailes tournent lentement juste au- dessus des tombes à flanc de collines, troublant le sommeil éternel des dormeurs qui ne se plaignent pas.

                                                                                   In « impressions asiatiques » p.69-70

                                                                                   Editions Pacifica

UNE ETRANGE MESAVENTURE

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Une fin d'après-midi paisible de torpeur équatoriale, mes pas nonchalands et incertains le long d'une mer fluente, bordée d'eucalyptus géants, au pied desquels s'épanouissaient des tapis de fleurs multicolores semblables a des mosaïques ondulant sous la brise du large , mes pas me conduisirent par hasard ( mais y-a t-il un hasard ? ) vers un rivage inconnu et soudainement je pénétrais sans y prendre garde sur des quais déserts, à l'abandon, silencieux, sans âme qui vive, apparemment ...Ce n'était que barques rapiécées ,a moitie submergées ,vieux moteurs, grues rouillées, amoncellement de filins , cordages , pneus, bouées, casiers, filets , ancres ... ; le long des jetées lugubres et déchiquetées par la mer ,dormaient de minuscules chalutiers très fatigues d'avoir beaucoup navigue et des rafiots rafistoles éventrés moribonds fluctuant dans la vase marécageuse, tandis que des cadavres de mouettes jonchaient les planches disjointes des passerelles et les couvraient de leur innocente blancheur parmi les débris décomposés de poulpes , méduses, poissons, crevettes, crabes , viscères pourris mêles a des algues vertes et pourpres ..

 

Quelques bateaux hauturiers solidement amarres par un réseau inextricable de filins se soulevaient et s'abaissaient au gre de la houle des eaux stagnantes flavescentes envahies par les moustiques et les serpents pourchassant des petits singes imprudents au milieu des fougères aux larges palmes flétries .

 

L'atmosphère , mélange de pestilences putrides et de miasmes nauséabonds transportes par la brise chaude de la marée montante, était irrespirable , le silence était étrange ,inquiétant et morbide , la nuit tombait sur cette nécropole , sans un bruit de poulie , sans un cri d'oiseaux ,l es mouettes passaient au large ,évitant cette zone mortifère et ses embruns nauséeux . Le long du port , les mansardes ,les échoppes délabrées, les boutiques vidées , les bouges a matelots , les fumeries ,les criées, les magasins de fournitures halieutiques , tout était à l'abandon le plus sordide , les étals de poissons pourris renverses parmi les immondices et les flétrissures jonchant le sol, que se disputaient les singes et des chiens errants décharnés titubant dans les ornières .

Je marchais lentement dans la pénombre , mal a l'aise , attentif aux câbles et aux bites d'amarrage ,saisi de crainte devant ce funeste rivage ,je franchis une imposante grille de fer s'ouvrant sur une longue jetée qui s'enfonçait dans la baie et je vis soudain une lumière a bord d'un chalutier hors d’âge amarre a une passerelle branlante ; curieux , je m'approchais et j'aperçus deux marins qui campaient dans les coursives , les deux seuls êtres humains dans cette irréelle solitude de fin du monde .. Je résolus de ne point me montrer et de rebrousser chemin, quand , tout à coup, un bruit m'alerta et je vis avec effroi dans le clair-obscur du crépuscule la porte grillagée par laquelle j'étais rentré, se refermer lentement en grinçant sur ses gongs .

Je revins vivement sur mes pas , le passage était clos .. Entourée d'épais fils de fer barbelés , la lourde grille m'était infranchissable .. j'étais pris au piège .

Stupéfait, je la secouais avec l’énergie du désespoir , elle ne bougea pas d'un millimètre. Je pensais avec angoisse qu'il était très étrange que la légère brise du soir ait pu faire tourner sur ses gongs rouilles cette barrière digne d'un château médiéval ..

Personne.. le silence était total , l'obscurité gagnait , la panique me saisit, je pensais soudain aux deux marins à l'allure de flibustiers que j'avais aperçus dans les coursives d'une vieille embarcation.. Marchant précautionneusement en évitant les filins épars , je parcourus la longue jetée et retrouvais avec soulagement les pirates , leur cambuse éclairée par un pauvre lumignon .. Leurs noueux torses nus étaient tapisses de tatouages inextricables de pieuvres enserrant des navires de leurs puissantes tentacules, d'ancres , de requins, et de femmes nues , ils portaient de longues boucles d'oreille tintinnabulantes et fumaient paisiblement des cigares gros comme leurs poignets . ..Ils répondirent avec une bienveillance narquoise a mon instante prière , se levèrent pesamment et m'accompagnèrent à la grille récalcitrante .. mais à leur grande surprise, malgré leurs forces herculéennes conjuguées , elle ne céda point .. Ils me dirent , étonnés , qu'ils n'avaient jamais vu cette porte fermée...
De guerre lasse , comprenant ma détresse, ils m'invitèrent a partager leur maigre pitance , et a passer la nuit dans leur bateau sur une couchette de fortune , solidarité des gens de mer oblige .Ils m'expliquèrent qu'ils étaient dans l'attente d'une prochaine embauche .Nous décidâmes d'enfoncer la grille le lendemain matin , avec de lourds madriers jonchant le quai.
A l'aube, à leur stupéfaction, la porte résista aux coups de bélier assenés furieusement par les deux marins .. Superstitieux comme tous les navigateurs , ils commencèrent à soupçonner quelque Esprit des Eaux malveillant que ma curiosité aurait dérangé , et ils me regardèrent dès lors avec une certaine suspicion ..

J'étais perdu , prisonnier , sans recours, je cherchais fébrilement en vain une embarcation utilisable parmi ce magma enchevêtré d'épaves de bateaux, de chaloupes ,de radeaux , même de pirogues ..Devant l'urgence de ma périlleuse situation, je résolus d'employer les grands moyens d'autrefois , l'antique appel à l'aide.. j'allais jusqu'à l'extrême pointe de la jetée loin dans la baie , j'allumais sans hésiter un feu de broussailles , en espérant que la colonne de fumée allait alerter les populations riveraines ... 
Le résultat fut immédiat ...
Une vedette rapide de la police maritime apparut promptement et éteignit vivement l'incendie.
 Je fis emmener sur-le -champ pour interrogatoire et vérification d'identité , mes explications furent jugées invraisemblables , mais mes gardes furent magnanimes devant mon évidente ingénuité ...Je réglais une belle amende pour incendie volontaire et je reçus avec humilité une admonestation des plus sévères ... Ils m'engagèrent fortement a ne pas revenir me promener en ces lieux inhospitaliers , ils m'apprirent que toute cette zone sinistre allait être rasée dans les prochaines semaines pour laisser place a un grand port de loisir en eau profonde . Je les remerciai chaleureusement de leur grande clémence à mon égard et je m'en fus , sans demander mon reste , ave le plus vif soulagement .. je m'en tirais à bon compte  .. .
Mais je me demanderai longtemps pourquoi cette lourde grille toujours ouverte s'était fermée peu après mon passage , par quel sortilège pervers ,pour assouvir quelle sécrète vengeance due à ma violation d'un domaine réservé , par quel piège obscur et sournois ??
Qui sait ... ??
Il se trouve que, quelques années plus tard , à l'occasion d'une escale de mon navire , je revinsse dans ces parages .. Curieux comme toujours, je parcourrai les nouvelles installations dernier cri , accueillant les plus beaux yachts du monde , je rendis visite au Capitaine , un vieil ami , je lui comptai ma mésaventure passée , avec cette fameuse grille ensorcelée ...
 "  Je m'en souviens très bien , me dit-il d'une voix contrite ...cette porte de fer forgé nous a donné du fil à retordre ..nous avons dû faire appel à un engin de l'armée pour en venir a bout .. j'ai cru que nous n'y arriverions jamais .. je n'ai jamais vu cela dans ma vie de marin au long cours , une opiniâtreté très étrange ,en vérité ... "

Michel Humbert  Yantai   juillet 2019   
 

Françoise ICART

J’ai donné l’heure

Je n’en ai plus

Oh qu’ils sont malheureux

Ceux qui portent le temps sur eux

Je me trouve très bien

A vivre le présent serein

 

 

La bibliothèque impossible

Hommage au poète maria

 

Où garder les ouvrages

Perdus, non publiés

Chefs d’œuvre de passage

Faits de rêves oubliés

Où conserverons-nous

Les fulgurances opaques

Traversant les esprits

Tendus comme des arcs

Les mots, les mots

S’entassent, mais où

Fixer leurs traces

Guirlandes de pensées

Evanouies dans l’instant

Et jamais plus trouvées.

Notre âme est un bateau

Nageant au fil de l’eau

Et pêchant au hasard

Quelque gardon de mot

Les images sont pauvres

Et le sens indigent

O que de manifestes

Sans saveur, indigestes

Occupent les rayons !

Et les trésors cachés

Poésies oubliées

Sombrent par le chemin

Où s’évade le RIEN.

 

Il dit :

« je suis la résurrection et la vie ! »

La vie – Oui

Comme une force

Hors du tombeau

C’est le soleil qui transfigure

Le renouveau

Dieu est nature

Qu’on touche au doigt

Profitons-en pour nous aimer

Pour nous entendre, nous tolérer

Et respecter tout ce qui est

Sous la lumière et la beauté.

 

 

Nicole LIERRE

 

Étincelle d'espoir

 

Tu es une lumière qui jaillit

Belle aura tu diffuses

Tu es une bougie qui espère

Belle étincelle or jaune tu fuses

 

Tu es une lueur en oriflamme

Belle pensée tu enchantes

Tu es une flamme en fleur

Belle mouvance or blanc tu chantes

Nicole LIERRE (décembre 2010)

 

 

Notre Dame du monde

Si la grande Dame de Paris

Aux assauts d'un feu en folie

A résisté

Si son pauvre corps de pierres

Enflé de nos peines

Aussi vibrant de nos prières

A résisté

Et si même elle y a laissé

Sa belle flèche de dentelle

Qui la reliait au ciel

Et si même aussi elle y a laissé

Sa superbe forêt de coiffe

Qui la rappelait à la terre

 

Pour le formidable sursaut suscité

Dans le cœur des êtres

Du monde entier

De son sacrifice qu'elle soit remerciée

 

Pourquoi faut-il toujours du pire

Pour qu'enfin se rappellent

À l'espèce humaine

De grands et nobles élans

Ce drame à Notre-Dame

Ne devrait-il pas en trame

Lui rappeler tant d'autres périls

Qui se déroulent sous ses yeux

Aveugles et sans-cœur

Ne devrait-il pas réveiller

Cette humanité

Dont chaque être peut s'enorgueillir

À l'heure du grand partir

Nicole LIERRE (avril 2019)

suite à l'incendie qui a ravagé  Notre-Dame de Paris  le 15 avril 2019

 

 

Planète du trop

Trop de rien pour les uns

Beaucoup trop pour les autres

 

Une petite partie de l'humanité

Consomme s'empiffre jusqu'à faire éclater

Son corps et sa tête dans cette indigne orgie

À y  perdre son âme même elle finit

 

Des denrées précieuses se dépensent à tort

Et coulent à flot ici pour son seul confort

Tandis qu'elles manquent cruellement là-bas

Pour d'autres êtres dont la vie n'est que combat

 

Alors certains déballages sont écœurants

Certains gaspillages des plus déshonorants

Comment inverser ces quêtes abominables

Comment se sauver dans un partage équitable

 

Beaucoup trop pour les autres

Trop de rien pour les uns

Nicole LIERRE (juillet 2015)

 

 

Piet LINCKEN:

 

D’ombre au jour, l’immobilité des dieux, cachés derrière les branches.

Forêt silencieuse dont les sous-bois rougissent à leur passage.

Presque aussi souples que l’écureuil,

aussi doux que le chevreuil,

aussi volages que la perdrix,

voici que les corps se faufilent parmi les pins, sans rires étouffés,

sans mot, sans tout ce qui fait l’humanité.

Seules, la distinction d’un mollet, la droiture d’un regard,

la spontanéité du jeu, la vigueur d’un sport sacré.

L’esprit ne peut connaître la divinité qu’en oubliant ce qu’il est.

Pareillement à l’arbre qui ne sait pas qui il est.

Au creux des champs couverts, dans un silence long et serein,

un ventre respire, une main se pose, une oreille se tend.

L’incarnation, cet aspect de nous qui n’est pas nous.

Et qui est nous encore.

*

Les pieds ont posé leur plante, lentement, dans le foin fauché.

Ta mélodie me remonte aux lèvres,

et celle-ci est composée de signaux aigus.

Le poivre de ta langue est venu piquer la mienne.

Les pieds entrent dans le ruisseau si étroit que les graviers,

à l’échelle d’un taon, ont l’allure de marches.

Ta couleur stagne sur l’humide sentier,

elle vaque aussi bien sur les chardons que sous les saules.

Mes pieds, un peu douloureux cette fois, gravissent la pente des fougères :

il est possible de trouver pas mal de choses parmi les cheveux-de-Vénus.

Ta mélodie est suspendue entre les arbres.

C’est elle que j’écoute quand je m’adosse à l’écorce.

Les pieds se reposent ici.

Ils me disent de T’attendre.

*

On put prier. Et la prière s’en alla,

comme une fumée sur un champ brûlé.

Inutile de la retenir, les paroles ne sont pas comprises,

elles s’inhalent comme un parfum.

L’odeur des marronniers a cette instabilité :

elle flotte, pareille à des allusions tardives.

Mais ce n’est rien, on peut prier.

*

Le jardin est plein de ces pins mi-vieux qui brûlent vite.

Les volets, au gré du vent, ont déjà reçu des escarbilles.

Les flammes prennent, la pelouse se contorsionne.

J’ai enlevé mes chaussures, comme si, pieds nus,

j’allais marcher sur les braises. Vous le croyez ?

Non, vous ne le croyez pas puisque vous ne croyez pas au baldaquin des fées.

Moi j’y crois.

De dessous le plancher, j’ai vu sortir un serpent.

Ce dernier, paniqué, tira la langue.

« Prends-le dans tes bras ! »

La nuit s’éclaira comme une citrouille évidée

et aussitôt des gouttes de pluie firent fumer les charbons.

Marcher sur des charbons éteints, voilà le miracle.

 

Poèmes inédits de Piet LINCKEN, extraits d'un recueil qui sera édité prochainement et dont le projet d'écriture a été soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles (Belgique).

Piet Lincken (Belgique-Suède) est écrivain d'expression française ainsi que traducteur des langues nordiques vers le français. Comme poète, on peut notamment retenir de lui « S'entraîner au passage des abîmes » (éditions de L'Age d'Homme) ou bien encore « Des éléments premiers » (éditions L'Atelier de l'agneau). Piet Lincken est également connu comme compositeur, pianiste/organiste et artiste visuel.

 

 

Alexandre MELNIK

Né en 1961 en Moldavie. Diplômé de l'Institut de géodésie et de cartographie de Moscou («géodésie maritime»). Il a vécu 18 ans en Transbaïkalie (où il s’est occupé de la cartographie du fond du lac Baïkal, de la géodésie, de la géographie spatiale et du business). Depuis 2000, il habite en Belgique (à Liège). Diplômé de l'Université catholique de Louvain (DES en cartographie et la télédétection), il est également docteur en sciences (géographie). Ses poèmes sont publiés dans les anthologies de poésie et dans les revues de 9 pays. Auteur des livres de poésie «L’escalier qui descend du ciel » (2010), «La métamorphose» (2012), «L’Univers qui vit en moi» (2014) et « Poéthalamus » ainsi que quelques livres de la prose.

Président de l'ASBL «La Lyre émigrée» qui organise le Festival mondial de poésie et les soirées poétiques, édite une revue littéraire, etc.

 

БАБОЧКА

(langue: russe; язык: русский)

Бабочка взмахнула крыльями и сад

нехотя ответил лёгким дуновеньем

воздуха сквозь плющ и дикий виноград –

к ясеню, который враз пришёл в движенье.

 

Вздрогнули сначала листья. Через миг

ветка покачнулась, вызвав чуть заметный,

но необратимый атмосферный сдвиг –

ветерок, пронёсшийся по кроне. Тщетно

 

престарелый ствол скрипел, что ни к чему

кланяться – он вскоре принялся качаться

на ветру, усилив этим кутерьму

в кронах молодых садовых домочадцев.

 

Вырвавшись из сада, ветер в пять минут

долетел до речки и, сметая тучи,

по долине к морю проложил маршрут,

то и дело книзу припадая с кручи.

 

Что случилось дальше – страшно вспоминать.

Гибельный циклон пронёсся над планетой,

а за всё про всё – поклон глубокий лету,

бабочке в саду – хвала и исполать!

 

PAPILLON

 

(langue: français; язык: французский)

Un papillon s’est envolé, et le jardin

lui répond à contrecœur par un mouvement

d’air, frôlant le lierre ainsi que le vieux raisin,

le frêne, qui s’éveille instantanément.

 

Ses feuilles frémissent, et immédiatement,

ses branches se gonflent, causant, imperceptible,

un changement d’atmosphère, un tremblement,

un frôlement, une brise irrésistible.

 

Le vieux tronc grince, faisant de la résistance,

afin de s’efforcer encore à balancer

de toutes ses forces encore en présence,

les jeunes couronnes des confrères aimés.

 

En cinq minutes, vent fait le tour du jardin,

fond vers la rivière, brisant chaque nuage

et jusqu’à la mer, il se fraye un chemin,

dans la colline, descendant presqu’à la nage.

 

Ce qui a suivi dépasse l’entendement:

un vaste cyclone a déchiré la terre.

A la forêt s’élancent nos remerciements,

ainsi qu’au papillon qui n’a pas pu se taire.

 

* * *

(langue: russe; язык: русский)

Чернильница упала с потолка

на белый свет, слинявший в одночасье.

Писательская доля нелегка –

коньяк и одиночество. Отчасти

 

я сам в картине этой виноват –

летал без крыльев, стукаясь о стенки,

увёртливой судьбе наперехват.

В кромешной тьме исчезли все оттенки

 

добра и зла – забилась вдруг синица

в руке да взмыли в небо журавли,

когда капитолийская волчица

завыла про малину-разлюли...

 

Нет, я не Ромул, ищущий сосцы,

чтобы напиться вдрызг после отбоя.

Шумел камыш, звенели бубенцы.

 

Шли третьи сутки моего запоя.

 

* * *

(langue: français; язык: французский)

 

Un encrier qui chute du plafond

en direction de la lumière blanche.

Écrire n'est pas un travail sans fond,

solitude et cognac: mais quel mélange!

 

Je suis seul responsable d'envolée –

sans ailes et cognant les murs épais,

destin est impossible à maîtriser…

Dans la nuit, les nuances disparaissent.

 

Est-ce bien ou mal – je presse de ma main

une mésange mais d’autres s’envolent,

alors qu'une louve du mont Capitolin

semble éprise encore de framboises...

 

Je ne suis pourtant pas un Romulus,

cherchant le sein après une fuite.

Ma tête tourne, les étoiles fusent:

 

ce sont des conséquences de ma cuite…

* * *

(langue: russe; язык: русский)

 

Мушки в глазах мельтешат без конца,

в небытие отправляя друг друга.

Что остаётся? Немного винца

выпить, взбодриться и снова белугой

 

так зареветь, чтобы стылая ночь

стала от страха заботливо-нежной,

чтобы усталость развеялась прочь –

просто записывать строки, как прежде,

 

без опасения сбиться с пути,

на автомате, на взводе, на вздохе…

Вечер как вечер, но в рваной сети

вместо улова – какие-то крохи.

 

Всё, как обычно, лишь в доме пустом

слишком просторно, постыло, безлюдно.

Дом без любимой – какой это дом?

Выключить свет и уснуть беспробудно,

 

вечность лежать в ожидании дня,

вечера, ночи… конечно же, ночи.

Ты поцелуем разбудишь меня

и бесконечную жизнь напророчишь.

 

 

(langue: français; язык: французский)

Les mouches sautent dans les yeux sans cesse

pour disparaître dans un très vaste oubli.

Que reste-t-il ? Du vin, une ivresse?

Il faut boire pour retrouver l'envie.

 

D’un béluga qui s’écrie et proteste:

devant la peur, il est abasourdi

pour que son mal, pour toujours disparaisse

et que le Verbe son chemin poursuit.

Sans avoir peur des anciennes ruptures,

telle une machine, encore excitée,

je vois pourtant que la prise du jour

n’excède pas les miettes des pensées.

 

Comme toujours, une maison trop vide,

spacieuse, lasse et abandonnée.

Un toit sans toi me semble plus sordide:

j’éteins la lampe et je vais me coucher,

 

pour oublier dans l’attente éternelle,

le soir, le jour, ou bien la douce nuit,

que le baiser provenant de ma belle,

puisse promettre une vie infinie.

Traduction du russe vers le français par Valéry Dvoinikov (Liège, Belgique).

 

Claude Miseur <

Mais quelle est donc

cette clarté

qui se dérobe

à la lumière

_pour se jeter

_de toutes ses couleurs

sous l’étrave_

d’un nuage bleu

***

Ce feu

n’est cri

que d’un silence

une étincelle

éprise

de froid

***

Ne tremble pas

si l’eau sombre

dans ton reflet

Claude Miseur

 

Alexandre RADACHKEVITCH

 Traduction :Edith LOUNÈS 

 

                        Терять всё то, терять всех тех        

ударит сирый час, и нет тогда

слабее, сильных, нас и нет

безбожнее с бескрылой птицей

имени на стынущих устах и

небом, рухнувшим на глиняные

плечи. Не верю. Не хочу. Пусти

меня в назад, где живо всё, где

живы все и нет нужды в побасенках

надежды. Но эти зимы больше

не пройдут, не стает лёд с побегов

вешних, лишь звоны хладнодушных

звёзд напомнят ангелам, как мы

любили в пустой канве тех

сказок безнадёжных, что нас не

научили терять всех тех, терять

всё то, кого-чего, чему-кому,

о ком-о чём теперь уж ни к чему.

 

2009

 

                       

*   *   *

           

De perdre tout ce, de perdre tous ceux

vienne à sonner l'heure orpheline, et il ne sera alors

plus faible que nous les forts, ni

plus impie, avec l'oiseau sans aile

d'un prénom sur nos lèvres qui se glacent et

le ciel qui s'effondre sur nos épaules

d'argile. Je ne crois pas. Je ne veux pas. Laisse-moi

retourner dans le pays d'autrefois, là où tout est vivant, là

où tous sont vivants et où n'est nul besoin des fables

de l'espoir. Mais ces hivers-là

ne passeront plus, la glace ne fondra plus des rameaux

printaniers ; seuls les tintements indifférents

des étoiles rappelleront aux anges combien nous

avons aimé, dans le cadre vide

de ces contes désespérés qui ne nous ont pas      

appris à perdre tous ceux, à perdre

tout ce de qui - de quoi, à qui - à quoi,

sur qui - sur quoi, dorénavant qui sait pourquoi ?

 

                       

 

PASSAGE DU DESIR*

                                                                                             

Ты ушло из моих молитв,

откружившее вьюжное имя,

ты порвало прозрачную нить,

ту, что денно миры сопрягала,

ты задуло ветвистые свечи

по приютным зеркальным

скитам над рекою, которая

мимо океана, который не внял.

 

Ты ушло по кремнистому краю

в край никем недосмотренных

снов, и слетело с тебя покрывало

из шуршавших порошей шелков. 

 

Поднимается ветер видений

над долиной возвратных ключей,

ты ушло переулком Желаний

под аркадами срезанных роз.

 

Знаю, солнца мои не затмились

над опалом духмяных лугов,

ветер туг, и терновник вцепился

за обрыв у руинных твердынь,

где летит по утрам альборада

из груди неземных пастухов.

Ты ушло, отлучённое имя,

из моих откруживших молитв.

 

2012

_________________________

*Переулок Желанья в Париже.

 

                       

 

Passage du Désir (1)                                                        

 

Tu es sorti, prénom enneigé,

du tourbillon apaisé de mes prières,

tu as rompu le fil transparent

qui chaque jour unissait les mondes,

tu as soufflé les cierges ramifiés

dans les ermitages de cristal, jadis hospitaliers,

au-dessus de la rivière, celle qui

longe l'océan qui n'en a pas voulu.

                                                                                  

Tu es sorti, au bord de la contrée de silex,                                                   

vers la contrée des songes inachevés,                                                                      

et tu as dispersé au vent ton manteau

de flocons dans un froissement de soieries.

 

Le vent des visions se lève

sur la vallée des sources inversées,                                                  

tu es sorti par le Passage du Désir,

sous des arches de roses coupées.

 

Je le sais, mes soleils ne sont pas éclipsés

au-dessus de l'opale des prés embaumant,

le vent s'est levé et le prunellier s'est accroché

au talus des citadelles en ruine

d'où s'envole à tue-tête, le matin, 

l'aubade des bergers d'un autre monde.

Tu es sorti, prénom exilé,

du tourbillon apaisé de mes prières.

 

_______________________________________________

  1. Nom d'un passage dans le Xème arrondissement de Paris.

                       

 

НАША ЛЮБОВЬ

 

Она дрожит на тех вокзалах,

где откатили поезда

за сеть обратных поворотов,

она встречает самолёты

в небесных аэропортах из

городов, прилежно стёртых

на картах позапрошлых стран,

в её глазах струятся годы

за веком, канувшим в века.

Мы различаем в раме окон

её прощальное лицо, в дыму

обугленных бессонниц,

во мгле оледенелых снов,

с той отгоревшей сигаретой

над отыгравшимся вином.

Недораспахнутое небо, недо-

гадавшаяся память, недо-

любившая любовь, в потёртом

прошленьком пальто, со взглядом

дальним и незрячим, она

дрожит на тех вокзалах, на той

заснеженной скамье, в той

неразгаданной аллее, куда                                                                                    

её мы заводили и где                                                                                             

мы предали её.

 

2012

 

                       

Notre amour

 

Il frissonne dans les gares,

d'où tous les trains ont reculé

derrière un réseau de demi-tours ;

il attend les avions

dans les aéroports célestes

de villes soigneusement effacées

de la carte des pays d'avant-hier ;

dans ses yeux coulent les années

englouties siècle par siècle.

Nous entrevoyons derrière les vitres

son visage en partance,

dans la fumée

des insomnies calcinées,

l'opacité

des songes pétrifiés,

avec cette cigarette consumée,

au-dessus d'un vin éventé.

Ciel mi-entrouvert,

souvenirs mi-souvenus,

amour mi-aimant,

dans le pauvre manteau usé

de l'an passé,

avec le regard lointain et vide,

il frissonne dans les gares,                                                                                      

sur le banc enneigé,

dans l'allée insondée,

où nous l'avons emmené et

abandonné